Français Español
BnF_362
Dictionnaire espagnol nahuatl
Manuscrit de la BnF, Fonds Mexicain N° 362
Anonyme
17??
paléographie et normalisation : Sybille de Pury (CELIA, CNRS)
programmation et mise en forme : Marc Thouvenot (CELIA, CNRS)
On trouve dans le Fonds Mexicain de la Bibliothèque nationale de France, collection Aubin-Goupil, sous la référence 362 du catalogue, un dictionnaire espagnol-nahuatl anonyme, manuscrit. Par ailleurs, il y a dans la même collection une seconde version, référencée 362ter, quasi identique à la première si ce n'est par la pagination, par quelques détails de présentation et par quelques rares modifications d'orthographe (on trouve, par exemple, Mostruo hombre dans le 362 et Monstruo hombre dans le 362 ter, qu’on peut considérer comme une correction de la première forme[1] et donc antérieure à la version 362ter).
Une autre version, quasi identique à celles de Paris, se trouve dans la Collection Ramirez de la Bancroft Library, à Berkeley. Je pense que c’est, en fait, la première des trois :
Le catalogue de la Bancroft Library donne le titre espagnol Diccionario nahuat : Mexico, late 17th/early 18th century (on se demande pourquoi c’est le mot nahuat, et non nahuatl, qui est mentionné). A la suite se trouve un titre en anglais : Spanish-Aztec dictionary.
Le cahier est accompagné d’un feuillet daté de 1848 et signé Foster Marshall, où l’on peut lire :
A dictionary of the Aztec language.
This manuscript was taken from the archives in the Palace of the City of Mexico by the guerillas and recaptured by the undersigned in the City when offered for sale in the Portillo.
City of Mexico 5th May 1848 J. Foster Marshall Capt. Compy E. P. Regt.
Ces cahiers sont l’œuvre d’un curé anonyme qui a réalisé ce dictionnaire à des fins didactiques. Les différences entre les trois versions se résolvant aux effets de l’instabilité de l’orthographe, il est probable qu’elles sont l’œuvre de l’auteur lui même, et non d’un copiste qui aurait introduit des erreurs dues à la méconnaissance de la variante.
La qualité du travail montre que l’auteur était un nahuatlato confirmé. Il parlait un dialecte nahuatl que nous n’avons pas pu localiser. Un trait morphologique (qu’on détaillera à la suite) le rapproche cependant des dictionnaires de Guerra et de Cortés y Zedeño.
Si on la compare aux autres sources du corpus du G.D.N. (voir tableau ci-dessous), on voit que l’orthographe est modernisée par rapport à celle de Molina (qui sert de modèle à l’auteur du 362), mais antérieure par ses normes au BnF 361, manuscrit que l’étude des filigranes a permis de dater de la fin du 18ème, autour de 1780. Les normes sont assez proches de celles de Cortés y Zedeño, mis à part une transcription non stabilisée de [s] et une transcription originale de [gua] par <hua>. On a là une orthographe de la première moitié du 18ème siècle.
BnF 362 |
Molina 1571 |
BnF 361 178? |
Cortés 1765 |
rosio |
rocio |
rocio |
rocio |
quinse |
quinze |
|
quince |
rozar |
roçar |
rosar |
rosar |
anzar (pato) |
ansar |
ansar |
|
penzar / pensar |
pensar |
pensar |
pensar |
desear / decear |
dessear |
desear |
desear |
hasia / hacia |
hazia |
hacia |
hacia |
desihual |
desigual |
desigual |
desigual |
hombro |
ombro |
ombro |
ombro |
hermano/a |
ermano/a (M1) / hermano/a (M2) |
hermano/a |
hermano/a / ermano |
dexar |
dexar |
dejar |
dexar |
frixol |
frisol |
frisol |
frijol |
lexos |
lexos |
lejos |
lejos |
ymagen |
ymagen (M1) / imagen (M2) |
ymagen / imagen |
|
bolver |
boluer |
|
bolver |
embiar |
embiar |
enviar |
embiar |
reyr |
reyr (M1) / reir/reyr (M2) |
reir |
reir |
oydo |
oydo |
oydo |
oydo |
· · ordre des entrées
Lorqu’il réalise son dictionnaire, l’auteur du 362 a sous les yeux le dictionnaire de Molina ; il le suit à la lettre, sans modifier l’organisation des entrées même lorsque ses modernisations orthographiques introduisent une rupture dans l’ordre alphabétique, comme on le voit dans la reproduction ci-dessous de quelques entrées :
362 |
Molina |
|
|||
Cabaña |
Xacalli. |
Cabaña. |
tlapixcacalli. |
|
|
Caveza |
Tzontecon, y a elque es Caveza de un Pueblo, ô familia grande dicen Quauhtzontecomatl, y a la Caveza ô Calavera llaman Tzontecomatl Quaxicalli |
Cabeça. |
totzontecon. |
||
Cavezera |
Tzontlan |
Cabecera de cama. |
totzontlan. |
|
|
Cabra |
Tentzon, el que las guarda Tentzonpixqui. |
Cabra o cabron. |
quaquauhtentzone. |
|
|
|
|
|
|
|
|
· · nombre des entrées
L’auteur du 362 réduit de façon drastique le nombre des entrées par rapport à Molina : ainsi entre Cabeça et Cabecera de cama on trouve chez Molina onze entrées supplémentaires (cabeça baxo estar, cabecear de enojo, cabecear negando, cabecear ortorgando, cabecear llamando a otro, cabecear de sueño, cabecear con presumpcion, cabecear para que otro se vaya, cabecear haziendo señas a otro, cabezcaido). Par contre, il lui arrive d’ajouter une entrée qui n’existe pas chez Molina, par exemple, dans la liste des entrées citées ci-dessus, Caveza de Sierra, Tepetl[ ]icpac.
· · regroupements sous un même thème
L’auteur regroupe parfois les mots sous une seule entrée thématique :
362 |
Molina |
|
Abeja, esta genericamente Mosca, y assi dicen Zayollin, aunque para espesificarla dicen Quauhneuhzayollin à la que hace la miel en las colmenas, a la que fabrica panales Mimiahuatl, a las que hacen miel cilbestre Pipiyollin ; à unas mui bravas que hacen miel subterranea Xicotl, à otras Tlaletzatl. |
Mosca volatile conocida. çayulin. Abeja de miel que cria dentro del arbol. quahnecuçayoli. Abeja montesa de miel. pipiyoli. |
L’auteur est précis dans la description des usages. Il exprime parfois son désaccord avec les traductions de Molina,
· · nomalhuiani, honesta cosa (dice el Padre Molina) pero esto es propriamente perzona cuerda cauta, ô prudente
· · tochomitl, hilado teñido, aunque impropriam[en]te llama el padre Molina, a este pelo de Conexo
· · xochitlapan, Parayso terrestre, dice el Padre Molina y lo mismo el Padre Fray Juan Baptista, y otros Ahutores pero esto me parece Arbitrario, porque lo que quiere decir es en la tierra de flores, ô en la buena tierra y esto no es Parayso.
362 |
Molina |
Hender ô rajar de arriba ábajo, Ixtlapana con este Verbo dan a entender el divorcio en el Matrimonio, y assi dicen Ixtlapana in[ ]tioyotl. |
Hender un madero aferrandole, o partiendole por medio con cuñas, &c. nitla,ixtlapana. |
Grano de semilla, no tiene proprio nombre, y assi dicen si es de Mayz, frijol &c se dicen con el mismo nombre. |
Grano de semilla. centetl yxinachcho, centetl yachcho. |
Les différences avec Molina peuvent s’expliquer par le fait que l’auteur du 362 parlait une autre variante, outre le fait que les données aient été récoltées plus tardivement.
L’auteur du 362 est un nahuatlato qui s’exprime avec une grande sûreté.
· · quelques mots rares
On a, par exemple, le mot apiazoa ‘orinar’ qui n’est attesté dans notre corpus dans aucun dictionnaire si ce n’est chez Clavijero où il apparaît sous la forme tlapiazoa. Parmi d’autres exemples on relèvera amelli (traduit par ‘Ojo de Agua’ et par ‘Fuente ô mananteal, dicen en la Sierra’) qui n’est pas attesté ailleurs dans le corpus du G.D.N., si ce n’est dans le dictionnaire moderne de Mecayapan sous l’entrée ãmêl (Mec.) ‘manantial, pozo’. On peut aussi citer la forme yayahuic qui apparaît par deux fois dans le 362 avec le sens de ‘negro’ et ‘prieto’ et qui n’est attestée dans notre corpus que chez Wimmer, qui l’a trouvé dans le Codex de Florence et chez John Sullivan (Huasteca). On note aussi dans le 362 le verbe <chicoyloa> ‘blasfemar’ qui est formé à partir de iloa forme que Launey (1986) reconstruit à partir de l'applicatif ilhuia puisqu'elle n'est pas attestée dans son corpus.
On remarque aussi quelques expressions métaphoriques explicitées, comme tlenenepiloa ‘Despedir ô echar de si las Llamas de lumbre’ (qui explicite le sens du Tlenenepiltia, nino ‘echar desi llamas de fuego’ de Molina dans son dictionnaire mexicano-castellano).
Les contextes sont définis avec précision, comme par exemple :
« Ye[ ]tlaca, De dia quando lla amanese, ô quando comienza á obscurecer. Este mismo tlaca le sirve para explicar que se acuerdan de lo que se avia olbidado: Tlaca, los Serranos: tlacaquil. »
· · les erreurs
Les fautes sont rares, et d’autant plus étonnantes. J’ai été surprise, par exemple, de trouver trois mots contenant une syllabe écrite <yo> dans le 362 qui doit être mise en correspondance avec une syllabe écrite <llo> = [lo] chez Molina (mais il y a 70 autres mots écrits <llo> dans le 362 , qui correspondent bien aux formes en <llo> = [lo] de Molina) ; les trois formes qu’on suppose erronées sont : <cayotia> pour <callotia> chez Molina, <cehuayotl> pour <cehuallotl> et <cacayotl> pour <cacallotl>. On peut se demander cependant s’il s’agit bien d’erreurs ou si on n’a pas plutôt affaire à un trait régional puisqu’on voit, par ailleurs, le mot amilotl ‘pescado blanco’ être transcrit dans le 362 <amilotl> dans une entrée et <amiyotl> dans une autre entrée.
Parmi les autres cas qui rendent difficile la distinction entre erreur et variante régionale :
· · la syllabe <huey> dans les mots <hueytzaztatl> ‘garza’ (huitzaztatl en classique) et <hueyzacotl> ‘liron’ (huizacotl ou huezacotl en classique), qui correspond à la syllabe <hui> de la langue classique et dont on se demande si elle n’aurait pas été réanalysée localement en hueyi ‘grand’.
· · la syllabe initiale <que> dans <quezoa> ‘molestar a otro’, auquel correspond une forme en /kw/ dans d’autres variantes (cuezoa ‘molestar’ : Wimmer, Mecayapan) ; pourtant on trouve aussi la forme en /k/ dans le dictionnaire de Cortés y Zedeño (<Queczoa> ‘molestar’) ; cette confusion entre [k] et [kw] se retrouve aussi sur le mot <tetlatzaqueltiliztli> attesté sous la forme <tetlatzacuiltiliztli> chez Molina.
L’intégration du 362 dans le G.D.N. a demandé la réalisation de différentes opérations, qui sont détaillées à la suite :
· · Mise en forme du dictionnaire
· · Normalisation de l’orthographe
· · Traitement des traits dialectaux
Marc Thouvenot a réalisé cette opération.
Cette opération a été faite grâce à un programme de M. Thouvenot. Ainsi :
Acercarse à donde quiera. azi
Alcanzar. azi
a été transformé en :
azi. acercarse à donde quiera ; alcanzar
Jusqu’au XVIII siècle l’orthographe est instable et ses normes évoluent. Ne pas la normaliser aurait abouti à l'impossibilité de comparer les dictionnaires. Il s'agit là d'un point fondamental.
La normalisation orthographique a pour effet de faciliter la lecture. Grand nombre des changements proposés dans la forme normalisée correspondent aux usages actuels.
La normalisation orthographique n’empêche pas d’avoir accès à la forme de l’original, dite ‘paléographie’.
En ce qui concerne le nahuatl, la cohérence orthographique interne au dictionnaire est bonne si on la compare à Guerra et à Cortés y Zedeño :
· · comme dans les autres dictionnaires, on remarque parfois une transcription chuintante des sifflantes: ainsi /z/ est transcrit <x> et /tz/ est transcrit <ch> (par exemple, <nacaxtli> pour nacaztli, <machicoltic> pour matzicoltic).
· · comme dans les autres dictionnaires aussi, on trouve parfois une confusion entre <tz> et <z>, <ch> et <x> (par exemple, <amezcalli> pour ametzcalli, <mixini> pour michini). Mais, alors que chez Guerra il n’y a pas de cohérence interne (on trouve tout à la fois /tz/ transcrit <z> et /z/ transcrit <tz>), les transcriptions du 362 sont cohérentes: /tz/ est parfois transcrit <z>, /ch/ est parfois transcrit /x/, l’inverse n’étant pas attesté ; ces transcriptions expriment une évolution régionale qui est aboutie dans le dialecte que décrit Cortés y Zedeño, mais non dans le 362.
· · l'auteur ne transcrit le saltillo que sur certains mots seulement; et, dans ce cas, la transcription est soit celle d’une occlusive glottale qu’il écrit <c> (par exemple <amectic>), soit celle d’une fricative qu’il écrit <h> (par exemple, <calecapoh>), avec quelques erreurs sur sa place (par exemple <atomihyo> pour /ahtohmiyoh/).
L’auteur du 362 n’a pas marqué le préfixe sujet sur le verbe et, dans la très grande majorité des cas, pas non plus les préfixes objet. Il s’agit là de sa décision de lexicographe. On peut le voir à l’entrée apiazoa ‘orinar’ déjà citée plus haut. Ce mot n’est attesté, dans notre corpus, que chez Clavijero, où il apparaît sous la forme tlapiazoa, une première fois avec le sens de ‘orinar’ et une seconde fois avec le sens de ‘Hacer cosa larga recta o redonda’. On peut en déduire que l’auteur du 362 a supprimé les lettres <tl> qu’il a analysées comme étant l’expression du préfixe /tla-/ qu’il voulait extraire, tout en gardant la lettre <a> dont il a pu penser qu’elle correspondait à la racine de atl ‘agua’.
Il y a cependant des exceptions, relativement nombreuses, à cette mise en forme. Certaines entrées présentent les verbes avec le suffixe réfléchi (/m- ~ mo-/) ou avec l’objet indéfini humain (/te-/), plus rarement avec l’objet indéfini non humain (/tla-/), et dans deux cas seulement avec le préfixe objet défini (/k-/ ~ /ki-/). Le sujet apparaît à deux occasions à la seconde personne (/ti-/) (sans compter deux énoncés qui contiennent un verbe conjugué). Dans le cas où les préfixes ont été notés dans le manuscrit, nous les séparons de la racine verbale dans la forme normalisée, en suivant la tradition lexicographique initiée par Molina, que le G.D.N. a reprise. Le préfixe est simplement déplacé dans la colonne des préfixes. Ainsi:
paléographie |
traduction |
forme normalisée |
préfixes |
mihuintia |
Emborracharse; Borrachear |
ihuintia |
m |
motlapaloa |
Atreverse |
tlapaloa |
mo |
tepalehuia |
Defender à otro (si es de obra) |
palehuia |
te |
tlapiloa |
Colgar |
piloa |
tla |
quipantilia |
Topar ô encontrarse con otro en el Camino |
ipantilia |
qu |
Le G.D.N. se donne pour but de réunir plusieurs dictionnaires, non seulement de la variante classique du nahuatl, mais aussi de diverses variantes régionales et d’époques différentes. Il n’était pas envisageable de normaliser la variation dialectale au niveau morphologique, sauf cas particuliers.
· · la correspondance ia vs. i
L’un des traits morphologiques remarquable des dialectes décrits par Cortés y Zedeño et dans le manuscrit 362 est la terminaison en ia de nombreux verbes qui se terminent en i[2][3]dans les autres variantes du nahuatl. Ces formes n'ont pas été normalisées.
Parfois les deux formes en ia et en i sont attestées conjointement dans le 362 avec une traduction différente, comme <huytequi> ‘azotar' et <huytequia> ‘Herir como quiera, ô lastimar’, ou <mamahuia> ‘Tener miedo’ et <mamahuy> ‘Ser cobarde’.
· · les substantifs à la forme absolue
Les dictionnaires du nahuatl présentent les substantifs sous leur forme absolue, c’est à dire terminés par le suffixe /tl/ ~ /tli/ ~ /li/. Il y a d’assez nombreux substantifs où apparaît un suffixe absolu différent de celui qui est courant dans les autres variantes. Ils n’ont pas été mis en concordance avec leur correspondant dans les autres dictionnaires ; si l’on veut les trouver, il faut les chercher à partir de leur racine, sans suffixe absolu. On trouve, par exemple :
itlacotl au lieu de itlacolli
tenchatl au lieu de tenchalli
ilpitl au lieu de ilpilli
tlachipauahtli au lieu de tlachipahualli
huehuel au lieu de huehuetl
CORTÉS Y ZEDEÑO, Jerónimo Thomas de Aquino (1967), Arte, Vocabulario y Confessionario en el Idioma Mexicano como se usa en el Obispado de Guadalaxara, Puebla de los Angeles, Imprenta del Colegio Real de San Ignacio, 1765, edición facsímile hecha en Guadalajara, Jalisco, Edmundo Aviña Levy, editor.
GUERRA, fray Juan (1900), Arte de la lengua mexicana que fue usual entre los indios del Obispado de Guadalajara y parte de Durango y Michoacán escrito en 1692 por fray Juan Guerra, prólogo de Alberto Santoscoy, Guadalajara, Ancira y Hno.
LEON-Portilla, Ascención de (1988), Tepuztlahcuilolli, Impresos en Náhuatl, UNAM, México.
MOLINA, fray Alfonso de (1970), Vocabulario en Lengua Castellana y Mexicana y Mexicana y Castellana, estudio preliminar de M. León-Portilla, edición facsímile de la de 1571, México, Editorial Porrúa.
THOUVENOT, Marc (2005), MOLINA 1, inG.D.N., www.sup-infor.com
WIMMER, Alexis (2006), Dictionnaire de la langue nahuatl classique, in G.D.N., www.sup-infor.com
Español Français
BnF_362
Diccionario castellano náhuatl
Manuscrito de la BnF, Fondo mexicano N° 362
Anónimo
17??
paleografía y normalización: Sybille de Pury (CELIA, CNRS)
programación y conformación: Marc Thouvenot (CELIA, CNRS)
Introducción
Sybille de Pury
Traducción : Anne Marie Pissavy
En el Fondo mexicano de la Biblioteca Nacional de Francia, colección Aubin-Goupil, bajo la referencia 362 del catálogo, existe un diccionario castellano-náhuatl anónimo y manuscrito. Por otra parte, en esta misma colección se halla una segunda versión, con referencia 362 ter, casi idéntica a la primera si no es por la paginación, por unos detalles de presentación y por escasas modificaciones ortográficas (por ejemplo, observamos Mostruo hombre en el 362 y Monstruo hombre en el 362 ter, lo que lleva a pensar en una corrección de la primera forma[3], anterior pues a la versión 362 ter).
Otra versión, casi idéntica a las de París, se encuentra en la Colección Ramírez de la Bancroft Library, en Berkeley. Pienso que es, de hecho, la primera de las tres:
El catálogo de la Bancroft Library indica el título castellano Diccionario nahuat: Mexico, late 17th/early 18th century (cabe preguntarse porque se usa la palabra nahuat, y no nahuatl). Seguidamente hay un título en inglés: Spanish-Aztec dictionary.
Este cuaderno viene acompañado de un folleto fechado de 1848 y firmado Foster Marshall, en el que se puede leer:
A dictionary of the Aztec language.
This manuscript was taken from the archives in the Palace of the City of Mexico by the guerillas and recaptured by the undersigned in the City when offered for sale in the Portillo.
City of Mexico 5th May 1848 J. Foster Marshall Capt. Compy E. P. Regt.
Estos cuadernos son la obra de un cura anónimo que realizó este diccionario con fines didácticos. Ya que las diferencias entre los tres manuscritos se reducen a los efectos de la inestabilidad de la ortografía, es muy probable que sean obra del mismo autor y no de un copista que hubiera introducido errores debidos al desconocimiento de la variante. La calidad del trabajo deja claro que el autor era un nahuatlato confirmado. Hablaba un dialecto náhuatl que no pudimos ubicar. Pero un rasgo morfológico (que detallaremos a continuación) lo vincula con los diccionarios de Guerra y de Cortés y Zedeño.
Si se compara con otras fuentes del corpus del G.D.N. (ver cuadro abajo), se observa que la ortografía ha sido modernizada en relación con la de Molina (que sirve de modelo al autor del 362) pero resulta anterior por sus normas al BnF 361, manuscrito cuyo estudio de filigranas permitió fechar de finales del 18, alrededor de 1780. Las normas se acercan bastante a las de Cortés y Zedeño, fuera de una transcripción no estabilizada de [s] y una transcripción original de [gua] por <hua>. Ahí tenemos una ortografía de la primera mitad del siglo 18.
BnF 362 |
Molina 1571 |
BnF 361 178? |
Cortés 1765 |
rosio |
rocio |
rocio |
rocio |
quinse |
quinze |
|
quince |
rozar |
roçar |
rosar |
rosar |
anzar (pato) |
ansar |
ansar |
|
penzar / pensar |
pensar |
pensar |
pensar |
desear / decear |
dessear |
desear |
desear |
hasia / hacia |
hazia |
hacia |
hacia |
desihual |
desigual |
desigual |
desigual |
hombro |
ombro |
ombro |
ombro |
hermano/a |
ermano/a (M1) / hermano/a (M2) |
hermano/a |
hermano/a / ermano |
dexar |
dexar |
dejar |
dexar |
frixol |
frisol |
frisol |
frijol |
lexos |
lexos |
lejos |
lejos |
ymagen |
ymagen (M1) / imagen (M2) |
ymagen / imagen |
|
bolver |
boluer |
|
bolver |
embiar |
embiar |
enviar |
embiar |
reyr |
reyr (M1) / reir/reyr (M2) |
reir |
reir |
oydo |
oydo |
oydo |
oydo |
· · orden de entradas
Cuando realiza su diccionario, el autor del 362 tiene a la vista el diccionario de Molina ; lo sigue al pie de la letra, sin modificar la organización de entradas aun cuando sus modificaciones ortográficas introduzcan una ruptura en el orden ortográfico.
362 |
Molina |
|
|||
Cabaña |
Xacalli. |
Cabaña. |
tlapixcacalli. |
|
|
Caveza |
Tzontecon, y a elque es Caveza de un Pueblo, ô familia grande dicen Quauhtzontecomatl, y a la Caveza ô Calavera llaman Tzontecomatl Quaxicalli |
Cabeça. |
totzontecon. |
||
Cavezera |
Tzontlan |
Cabecera de cama. |
totzontlan. |
|
|
Cabra |
Tentzon, el que las guarda Tentzonpixqui. |
Cabra o cabron. |
quaquauhtentzone. |
|
|
|
|
|
|
|
|
· · número de entradas
El autor del 362 reduce de manera drástica el número de entradas: así entre Cabeça y Cabecera de cama en Molina hallamos once entradas más (cabeça baxo estar, cabecear de enojo, cabecear negando, cabecear ortorgando, cabecear llamando a otro, cabecear de sueño, cabecear con presumpcion, cabecear para que otro se vaya, cabecear haziendo señas a otro, cabezcaido). En cambio, puede ocurrir que añada una entrada que no existe en Molina, por ejemplo en la lista de entradas citadas arriba, Caveza de Sierra, Tepetl[ ]icpac.
· · reagrupaciones bajo un mismo tema
A veces el autor reagrupa las palabras bajo una única entrada temática::
362 |
Molina |
|
Abeja, esta genericamente Mosca, y assi dicen Zayollin, aunque para espesificarla dicen Quauhneuhzayollin a la que hace la miel en las colmenas, a la que fabrica panales Mimiahuatl, a las que hacen miel cilbestre Pipiyollin ; a unas mui bravas que hacen miel subterranea Xicotl, a otras Tlaletzatl. |
Mosca volatile conocida. çayulin. Abeja de miel que cria dentro del arbol. quahnecuçayoli. Abeja montesa de miel. pipiyoli. |
El autor es preciso en la descripción de los usos. Expresa a veces su desacuerdo con las traducciones de Molina.
• sea abiertamente
· · nomalhuiani, honesta cosa (dice el Padre Molina) pero esto es propriamente perzona cuerda cauta, ô prudente
· · tochomitl, hilado teñido, aunque impropriam[en]te llama el padre Molina, a este pelo de Conexo
· · xochitlapan, Parayso terrestre, dice el Padre Molina y lo mismo el Padre Fray Juan Baptista, y otros Ahutores pero esto me parece Arbitrario, porque lo que quiere decir es en la tierra de flores, ô en la buena tierra y esto no es Parayso.
362 |
Molina |
Hender ô rajar de arriba ábajo, Ixtlapana con este Verbo dan a entender el divorcio en el Matrimonio, y assi dicen Ixtlapana intioyotl. |
Hender un madero aferrandole, o partiendole por medio con cuñas, &c. nitla,ixtlapana. |
Grano de semilla, no tiene proprio nombre, y assi dicen si es de Mayz, frijol &c se dicen con el mismo nombre. |
Grano de semilla. centetl yxinachcho, centetl yachcho. |
Se pueden explicar las diferencias con Molina, además de que los datos se hayan recogido posteriormente, por ser el autor hablante de una variante diferente.
El autor del 362 es un nahuatlato que se expresa con gran seguridad.
• algunas palabras raras
Hemos aquí, por ejemplo, la palabra apiazoa ‘orinar’ que no viene atestiguada en nuestro corpus en ningún diccionario fuera del de Clavijero donde aparece bajo la forma tlapiazoa. Entre otros ejemplos, notaremos amelli (traducido por ‘Ojo de Agua’ y por ‘Fuente ô mananteal, dicen en la Sierra’) que no está atestiguado en otra parte en el corpus del G.D.N., si no es en el diccionario moderno de Mecayapan bajo la entrada ãmêl (Mec.) ‘manantial, pozo’. También podemos citar la forma yayahuic que aparece dos veces en el 362 con el sentido de ‘negro’ y ‘prieto’ y que no viene atestiguada en nuestro corpus más que en Wimmer, que lo encontró en el Codex de Florencia y en John Sullivan (Huasteca). También se observará el verbo iloa, que fue reconstruido por Launey (1986) ya que sólo viene atestiguada la forma aplicativa ilhuia, y que aparece en el compuesto <chicoyloa> ‘blasfemar’ del 362.
Notaremos la aclaración de algunas expresiones metafóricas, como tlenenepiloa ‘Despedir ô echar de si las Llamas de lumbre’ (que da un sentido figurado al Tlenenepiltia, nino ‘echar desi llamas de fuego’ del diccionario mexicano-castellano de Molina).
Los contextos resultan definidos con precisión, como por ejemplo:
« Ye[ ]tlaca, De dia quando lla amanese, ô quando comienza á obscurecer. Este mismo tlaca le sirve para explicar que se acuerdan de lo que se avia olbidado: Tlaca, los Serranos: tlacaquil. »
· · los errores
Las faltas son escasas y por lo tanto más sorprendentes. Me llamó la atención, por ejemplo, encontrar tres palabras que contenían una sílaba escrita <yo> en el 362 que es preciso corelar con una sílaba escrita <llo> = [lo] en Molina (pero existen 70 palabras más escritas <llo> en el 362, que corresponden efectivamente a las formas en <llo> = [lo] de Molina) ; las tres formas que se suponen estar equivocadas son <cayotia> por <callotia> en Molina, <cehuayotl> por <cehuallotl> y <cacayotl> por <cacallotl>. Es legítimo preguntarse sin embargo si se trata efectivamente de errores o si no se trata más bien de un rasgo regional ya que vemos, por otra parte, que la palabra amilotl ‘pescado blanco’ viene transcrita en el 362 una primera vez <amilotl> y una segunda <amiyotl>.
Entre los demás casos que vuelven difícil la distinción entre error y variación regional:
· · la sílaba <huey> en las palabras <hueytzaztatl> ‘garza’ (huitzaztatl en clasíco) y <hueyzacotl> ‘liron’ (huizacotl o huezacotl en clasíco), que corresponde a la sílaba <hui> de la lengua clásica y de la cual es factible preguntarse si no hubiera sido realizada localmente en hueyi ‘grande’.
· · la sílaba inicial <que> en <quezoa> ‘molestar a otro’, a la que corresponde una forma en /kw/ en otras variantes (cuezoa ‘molestar’: Wimmer, Mecayapan); sin embargo se encuentra también la forma en /k/ en el diccionario de Cortés y Zedeño (<Queczoa> ‘molestar’) ; esta confusión entre [k] y [kw] se encuentra también en la palabra <tetlatzaqueltiliztli> atestiguada bajo la forma <tetlatzacuiltiliztli> en Molina.
La integración del 362 al G.D.N. exigió la realización de varias operaciones detalladas a continuación:
· · Conformación del diccionario
· · Normalización de la ortografía
· · Tratamiento de rasgos dialectales
Marc Thouvenot fue quien llevó a cabo este trabajo.
Se hizo esta reagrupación mediante un programa de M. Thouvenot. Así:
Acercarse à donde quiera. azi
Alcanzar. azi
se transformó en:
azi. Acercarse à donde quiera ; Alcanzar
Hasta el siglo XVIII la ortografía quedainestable y sus normas van evolucionando. Negarse a normalizarla hubiera imposibilitado a término la correspondencia entre diccionarios. He ahí un punto fundamental.
La normalización ortográfica tiene como objeto facilitar la lectura. Gran parte de los cambios propuestos en la forma normalizada corresponde a los usos actuales.
La normalización ortográfica no impide el acceso a la forma original, calificada de « paleografía ».
S. de Pury realizó la normalización ortográfica sobre el náhuatl y, a partir de las reglas establecidas por M. Thouvenot sobre el castellano. En lo que se refiere al náhuatl, la coherencia ortográfica interna al diccionario es buena si se compara con Guerra y con Cortés y Zedeño:
· · como en los demás diccionarios se nota a veces una transcripción fricativa de las sibilantes, es decir que /z/ se transcribe <x> y /tz/ se transcribe <ch> (por ejemplo, <nacaxtli> por nacaztli, <machicoltic> por matzicoltic).
· · como en los demás diccionarios también se nota una confusión entre <tz> y <z>, <ch> y <x> (por ejemplo <amezcalli> por ametzcalli, <mixini> por michini). Pero, mientras que en Guerra no hay coherencia interna (se encuentra a la vez /tz/ transcrito <z> y /z/ transcrito <tz>), las transcripciones del 362 son coherentes: a veces /tz/ se transcribe <z>, a veces /ch/ se transcribe /x/, lo inverso no viene atestiguado; estas transcripciones expresan una evolución regional (que cuajó en el dialecto que describe Cortès y Zedeño) en el que la oposición /tz/ ~ /z/ tiende a reducirse a /z/, y en que /ch/ ~ /x/ tiende a reducirse a /x/.
· · el saltillo se transcribe solo en algunas palabras; y en este caso, la transcripción es, sea la de una oclusiva glotal que escribe <c> (por ejemplo <amectic>), sea la de una fricativa que escribe <h> (por ejemplo, <calecapoh>), con algunos errores en cuanto a su posición (por ejemplo <atomihyo> por /ahtohmiyoh/).
El autor del 362 no ha marcado los prefijos sujeto en el verbo y, en la mayor parte de los casos, tampoco los prefijos objeto. En eso se nota su decisión de lexicógrafo. Se puede observar en la entrada apiazoa ‘orinar’ ya citada más arriba. En nuestro corpus, esta palabra sólo viene atestiguada en Clavijero donde aparece bajo la forma tlapiazoa, una primera vez con el sentido ‘orinar’ y una segunda vez con el sentido ‘Hacer cosa larga recta o redonda’. De ahí se puede deducir que el autor del 362 suprimió las letras <tl> que analizó como siendo la expresión del prefijo /tla-/ que quería extraer aunque conservando la letra <a> de la que pudo pensar que correspondía a la raíz de atl ‘agua’.
Sin embargo hay un número relativamente importante de excepciones a esta presentación. Unas entradas presentan los verbos con el sufijo reflexivo (/m- ~ mo-/) o con el objeto indefinido humano (/te-/), en muy pocas ocasiones con el objeto indefinido no humano (/tla-/), y sólo en dos casos con el prefijo objeto definido (/k-/ ~/ki-/). El sujeto aparece en dos ocasiones en segunda persona (/ti-/) (sin contar con dos enunciados que contienen un verbo). En el caso en que los prefijos han sido indicados en el manuscrito, los separamos de la raíz verbal en la forma normalizada, siguiendo la tradición lexicográfica iniciada por Molina, recogida por el G.D.N. El prefijo solo se desplazó hacia la columna de los prefijos. Así:
paléographie |
traduction |
forme normalisée |
préfixes |
mihuintia |
Emborracharse; Borrachear |
ihuintia |
m |
motlapaloa |
Atreverse |
tlapaloa |
mo |
tepalehuia |
Defender à otro (si es de obra) |
palehuia |
te |
tlapiloa |
Colgar |
piloa |
tla |
quipantilia |
Topar ô encontrarse con otro en el Camino |
ipantilia |
qu |
El G.D.N. se fijó como objetivo reunir varios diccionarios, no sólo de la variante clásica náhuatl sino también de diferentes variantes regionales y de épocas diferentes. No es factible normalizar la variación dialectal a nivel morfológico, salvo casos peculiares
• la correspondencia ia vs. i
Uno de los rasgos morfológicos notable de los dialectos descritos por Cortés y Zedeño y en el manuscrito 362 es la terminación ia de numerosos verbos terminados en i[4][6]en las demás variantes delnahuatl. No se pusieron a la norma del clásico.
A veces ambas formas vienen atestiguadas conjuntamente en el 362 así de <huytequi> ‘azotar y <huytequia> ‘Herir como quiera, ô lastimar’, o bien <mamahuia> ‘Tener miedo’ y <mamahuy> ‘Ser cobarde’.
· · los sustantivos en la forma absoluta
Los diccionarios de náhuatl presentan los sustantivos bajo su forma absoluta, es decir terminados por el sufijo /tl/ ~ /tli/ ~ /li/. Son bastante numerosos los sustantivos en los que aparece un sufijo absoluto diferente del acostumbrado en las otras variantes. No se han puesto en concordancia con su correspondiente en los demás diccionarios, por lo tanto para hacer resaltar la correspondencia es preciso buscarlos a partir de su raíz, sin prefijo absoluto. Encontramos, por ejemplo:
itlacotl en vez de de itlacolli
tenchatl en vez de tenchalli
ilpitl en vez de ilpilli
tlachipauahtlien vez de tlachipahualli
huehuelen vez de huehuetl
CORTÉS Y ZEDEÑO, Jerónimo Thomas de Aquino (1967), Arte, Vocabulario y Confessionario en el Idioma Mexicano como se usa en el Obispado de Guadalaxara, Puebla de los Angeles, Imprenta del Colegio Real de San Ignacio, 1765, edición facsímile hecha en Guadalajara, Jalisco, Edmundo Aviña Levy, editor.
GUERRA, fray Juan (1900), Arte de la lengua mexicana que fue usual entre los indios del Obispado de Guadalajara y parte de Durango y Michoacán escrito en 1692 por fray Juan Guerra, prólogo de Aalbeerto Santoscoy, Guadalajara, Ancira y Hno.
LEON-Portilla, Ascención de (1988), Tepuztlahcuilolli, Impresos en Náhuatl, UNAM, México.
MOLINA, fray Alfonso de (1970), Vocabulario en Lengua Castellana y Mexicana y Mexicana y Castellana, estudio preliminar de M. León-Portilla, edición facsímile de la de 1571, México, Editorial Porrúa.
THOUVENOT, Marc (2005), MOLINA 1, inG.D.N., www.sup-infor.com
WIMMER, Alexis (2006), Dictionnaire de la langue nahuatl classique, in G.D.N., www.sup-infor.com
[1] <Mostruo> est attestée dans le dictionnaire espagnol-nahuatl de Molina, que l’auteur du 362 a du recopier telle quelle dans la version 362.
[2] Ces verbes ont souvent un correspondant semi-causatif en a ou en ia.
[3] <Mostruo> viene atestiguado en el diccionario castellano-nahuatl de Molina que el autor habrá copiado tal cual en la versión 362.
[4] A menudo estos verbos tienen un correspondiente semicausativo en ao en ia.